Monsieur R.ien fut un cygne.

17 Juin.

J'ai revu Mister R. ce matin, et ça ne m'a rien fait.

J'ai revu Mister R. ce matin, et ça ne m'a rien fait.

J'ai revu Mister R. ce matin, et ça ne m'a rien fait.

J'ai revu Mister R. ce matin, et ça ne m'a rien fait.

Je l'ai écrit, 10, 100,1000 fois cette phrase, et ce prénom. Le vrai. Jusqu'à m'en convaincre, parce que c'est trop facile. Je l'ai hurlé cette phrase, griffé de mes ongles pour qu'elle s'enfonce dans ma chair. Il n'en est rien. Il n'est Rien. Mister R.
Un profil qu'on efface, qui lui ressemble tellement peu. Des cheveux blonds gelés, et une chaîne argentée. Je n'attendais plus ce matin, j'avais fini par oublier [un peu]. Cette nuit où le costume était tombé, sans ses vêtements qu'il endosse pour se faire accepter. Juste sa nudité pour me parler, et ses cheveux ébouriffés par ma main passionnée. Quelqu'un me parlait à ce moment là, j'ai oublié qui. J'ai juste entendu des pas, j'ai cru que c'était un autre, insignifiant. Il a levé la tête. Booum. Il suffit d'un regard qui s'enfuit pour se rendre compte qu'on n'oubliera jamais. On souffrira toute notre vie, de ces cicatrices indélébiles que seul le feu d'une nuit peut inscrire sur ma peau.

"Oublie le reste du monde.
Oublie le reste du monde, car le monde t'oubliera."

C'était sans doute un signe. Le soir même il revenait. Il a prit possession de moi, partout dans mes mains je le sentais. Dans les bras de cet autre, j'ai re-découvert chaque centimètre de sa peau. Et son odeur, inscrite sur mes mains, qui se mêle au parfum chaud de la cigarette. Cet enfant, une fine bordure entre deux fantômes. Le passé est revenu, je suis redevenue. Celle qui lui a plu pour une nuit, et au matin qui n'était plus. Un sursaut. Je me réveille en sueur. Près de l'autre.
Une dernière image, ses grands yeux malheureux, qui me regarde m'éloigner sans faire un geste. Si tu avais tendu la main, je serais restée.

07 juillet.

Maintenant, j'ai mal au bide à en crever. Et je saigne, de ces nuits qui m'avalent, pour un léger instant de folie. Ces seuls moments où je ne pense plus à rien. Libérée. La réalité fait mal, et tes ongles aussi. Trois ptits chats, trois ptits chats...